Etaient présents Jonas Joël et Tanguy du GSP. Le rendez vous est fixé le samedi matin à 9h30 au parking de la route du col du Marchairuz. Au moment de se changer en habits spéléo, le soleil pointe le bout du nez et illumine une belle mer de nuages au dessus du Léman. La marche d’approche permet ensuite d’apprécier les couleurs d’automne sur le Crêt de la Neuve.
On porte un sac chacun, chargé avec étanche ou néoprène, c’est selon. On emporte de quoi se restaurer à chaud dans la grotte car l’objectif, c’est le collecteur au fond du trou !
L’entrée dans le puits se fait aux alentours de 11h et tout de suite, la grotte montre ses dents. Des départs étroits et des bouts de méandre scabreux se succèdent. On accède quand même à de belles verticales et de beaux pendules, avant de revenir dans du tout petit, notamment au méandre du Broyage. Derrière, ce n’est que du plaisir, des grandes tirées verticales dans les beaux volumes des puits des vieux fossiles. On s’arrête pour une pause midi à quatorze heures. Tanguy mitonne un petit bouillon de cèpes sur un des paliers. Joël annonce qu’il n’entretient qu’une relation ténue avec les champignons. Dommage. Après la pose, on continue par le puits de la vertèbre, suivi de jolies vasques au milieu de l’actif avant de rejoindre, à 5h de progression de l’entrée le collecteur, la rivière des Mille et Une Nuits !
C’est l’heure de se sustenter de nouveau. On se nourrit de pain, de fromage, et d’émerveillement.
La rivière est large, ponctuée bancs de galets et de vasques profondes ou l’étanche ou la néoprène se révèlent nécessaires, les plafonds se perdent dans les hauteurs et proposent une magnifique coupe géologique vers l’aval. Très vite, on arrive au siphon des Larmes ou il faut faire demi-tour, non sans avoir tenté quelques ricochets. On prend quelques photos au passage pour marquer l’occasion.
Il est ensuite temps de remonter les puits. Vers 19h30, on se change, puis on commence l’ascension. La fatigue commence alors à se faire sentir pour tous : on est sous-terre depuis presque 10h, puis on s’est refroidi dans la rivière au fond. Il reste beaucoup de dénivelé positif à regagner. C’est après le méandre du Broyage, dont la sortie est atteinte vers minuit que l’on sent qu’on est dans le rouge physiquement.
Une ultime pause soupe permet de souffler et de se réchauffer un tant soit peu. Cependant, le reste des méandres et des passages inconfortables ponctionnent chacun un peu plus d’énergie. On bouge lentement, afin de vérifier toutes les sécurités sur les cordes, et surtout de ne pas coincer les sacs contenant malette photo, et combinaisons néoprènes maintenant alourdies, car mouillées. Le sommeil gagne les têtes, on pique des micro-sommes aux fractionnements, on fait des pauses entre chaque mouvement. Et ça dure.
Finalement, vers 6h du matin, on parvient à s’extirper du puits d’entrée, les muscles endoloris, le regard vague, les esprits cotonneux. Il reste une bonne demi-heure de marche alors que le jour commence à se lever. On décide de dormir quelques heures avant de reprendre la route, et exténués, le sommeil vient immédiatement.
Temps sous terre: 17h. La sortie pique tout autant qu’il avait été annoncé et c’est une aventure qui se mérite. La visite du collecteur, avec transport de combinaisons supplémentaires nécessite de négocier les méandres étroits avec précaution. Mais la sortie vaut beaucoup de points, car c’est une véritable aventure souterraine, et on se rend bien compte de l’extase qu’ont dû ressentir les explorateurs lors de la découverte des puits succédant au Méandre du Broyage sans interruption jusqu’au collecteur.
Un grand merci au groupe du SCVJ pour l’équipement en fixe, qui permet la visite à la journée (au sens large, en l’occurence).